« Mon chien a peur de tout et jappe beaucoup; on m'a dit de lui donner des gâteries,
mais cela ne va-t-il pas renforcer sa peur?»
Voilà une excellente question! Tout d'abord, comme pour tout comportement à travailler, il est crucial d'en trouver la cause. C'est à partir de là, lorsque nous saurons pourquoi le chien réagit ainsi, que nous pourrons trouver les meilleurs exercices à faire et les adapter à son cas.
Un chien ne jappant jamais sans raison, vous chercherez d’abord à savoir s'il le fait pour avoir de l'attention, par peur, par anxiété, par frustration ou par ennui. Un chien peut également japper pendant une séance de jeu avec un autre chien ou avec un humain. Il importe de comprendre qu'il est normal et naturel pour le chien de japper. Là où ça devient problématique et nécessite un travail, c'est lorsque les jappements du chien deviennent excessifs ou qu’il en souffre.
Le travail pour remédier aux jappements de demande d’attention ne sera par exemple pas le même que celui à faire pour traiter ceux qui sont liés à la peur ou à l’anxiété.
Dans le cas d’un chien qui vocalise parce qu'il a peur, vous ne renforcerez pas le problème en lui offrant de la nourriture, puisque ces jappements sont liés à une émotion.
En donnant une gâterie au chien apeuré, qu’il ait jappé ou non avant de venir vous voir par exemple, vous contribuerez plutôt à diminuer sa peur à long terme et à créer une meilleure association avec le déclencheur.
Un excellent exemple de contre-conditionnement pour changer la perception d'un chien face à un certain stimulus.
À titre d'exemple, si votre chien craint les enfants, et qu'à chaque fois qu'il en aperçoit (à une distance soigneusement prédéterminée avec votre intervenant(e) canin) vous lui donnez de la délicieuse nourriture, leur venue finira par annoncer de bonnes choses! Si jamais il réagit en l’apercevant, il importe de lui donner tout de même la friandise, puisque cette utilisation de la nourriture dépend de la présence du "monstre" (ce dont le chien a peur) dont on cherche à améliorer l’association. On ne lui demande rien; on ne fait que changer sa perception, créer un nouveau conditionnement. C’est ce qu’on appelle la technique du contre-conditionnement.
L'idéal est certainement de toujours agir avant d’entendre votre chien, puisqu’une réaction de sa part indique que nous travaillons à un degré de difficulté trop élevé pour lui. Il est très important de tenir compte de son état émotionnel afin de s’assurer que le sentiment de sécurité est présent, sans quoi nous nous éloignons du but. Le travail est progressif et la distance dite critique joue un rôle crucial dans la réhabilitation comportementale.
Cependant, puisque vous serez assurément confrontés à une situation où votre chien
aura déjà vocalisé avant de venir à vous, afin qu’il ne confirme pas la perception
négative qu'il a de la chose ou de l'individu et pour éviter qu’il ne comprenne que plus il
est proche de l’élément stressant, pire c’est, vous le nourrirez.
Ajoutons qu’il est impossible de demander au chien de se mettre à avoir peur sur
demande ou de cesser d'avoir peur! Si cela serait possible, il le ferait assurément (et
nous aussi d’ailleurs)! On ne peut pas mettre sur signal le stress, la crainte ou la joie; ce
sont des émotions et elles sont incontrôlables.
Dans la même longueur d’onde, rassurer votre chien apeuré aura pour effet de l’aider à
se sentir plus détendu et à réduire son état de stress. Le mythe selon lequel on ne peut
pas réconforter un chien qui a peur sous peine de le rendre plus anxieux pousse certains
propriétaires à ignorer leur animal lors de situations difficiles. Cela fait comprendre au
chien qu’il doit se débrouiller seul et que notre présence à ces moments n’est pas
bénéfique. Aider son petit protégé quand il en a besoin vient renforcer la confiance et
lui apprendre qu’il peut compter sur nous. Il faut seulement s’assurer que notre
intervention l’aide réellement à se sentir mieux. Tous les chiens ne seront pas
réconfortés en se faisant caresser. Regardez ce qui l’aide à se sentir plus détendu et fiez[1]vous à son langage corporel. La toute première chose qu’il souhaite est bien
évidemment de l’espace entre lui et ce déclencheur en question!
Inversement, punir votre animal est à proscrire. Vous ne feriez qu’ajouter plus de stress,
nuire à nouveau à sa perception du déclencheur que l’on veut plutôt améliorer, créer
des réactions plus grandes, ou pire, engendrer l’inhibition, ainsi qu’affecter
négativement votre relation.
C’est pourquoi l’usage de tout aversif, de quelque nature que ce soit, est à bannir.
Pensons aux colliers à ultrasons, à chocs ou à la citronnelle. Ils ne sont pas une solution
miracle. Ajoutant un stress immense à l’animal et ne faisant que cibler des
"symptômes", vous comprendrez qu’ils ne permettent pas de travailler le problème à la
source et donc de le régler efficacement. Leur effet n’est qu’illusoire. Effectivement, non
seulement vous n’avez aucune garantie que les jappements que vous cherchez à
supprimer par l’usage de ces outils correctifs disparaîtront, mais même si c’était le cas,
la peur de votre chien sera tout de même toujours bel et bien présente. Elle ne ressurgira que différemment. Elle peut se transformer en réactivité et créer une forte
anxiété. Bonjour les problèmes sérieux!
Saviez-vous que l’un des nombreux problèmes avec la punition est que cette dernière
peut être associée à n’importe quoi dans l’environnement, incluant les êtres vivants? Le
pitou qui voit un enfant dans la rue, qui se met à japper, puis qui reçoit une correction,
pourra faire la superbe association suivante: enfant = douleur/inconfort!
Pour une réhabilitation efficace, d’autres aspects cruciaux sont à prendre en compte.
Un/une spécialiste du comportement canin à jour dans ses méthodes vous aidera à
établir un plan adapté, vous fournira tous les outils nécessaires pour gérer et traiter
efficacement les peurs de votre chien, vous proposera des exercices utiles à faire à son
rythme et s’assurera de faire un suivi adapté avec vous.
Par exemple, une bonne compréhension du langage de votre animal, le respect de ses
signaux et de ses limites, une excellente compréhension et application des techniques
de désensibilisation et de contre-conditionnement ainsi que des concepts de la distance
critique et du sentiment de sécurité chez le chien devront être abordés et maîtrisés.
Tout le langage corporel global de ce chien indique la peur
Problème fréquent: Mon chien refuse la nourriture!
Lorsque le chien refuse la nourriture, c'est que le niveau de peur ou de stress et trop élevé. Nous travaillons donc à un degré beaucoup trop difficile pour le lui; nous sommes trop proches des déclencheurs.
Il faut d'abord et avant tout trouver la distance à laquelle le chien voit les déclencheurs, mais ne réagit pas, et se sent bien à l'aise, car suffisamment loin d'eux.
C'est à partir d'ici seulement que nous commençons réellement les exercices. Il est crucial de respecter cette distance. Elle sera progressivement réduite au fil des pratiques.
Beaucoup de gens qui constatent que le travail sur les peurs stagne ou régresse tentent simplement de faire les exercices à une distance où le chien ne se sent en réalité pas en sécurité. Ou encore, ils demandent au chien de s'assoir. S'assoir est une position vulnérable pour le chien. S'il a peur et qu'on lui demande, ou pire, qu'on l'y force, on augmente le stress et on lui confirme sa perception négative. Il voudra de moins en moins croiser des gens, des chiens, ou tout autre ''monstre''! Il faut faire bien attention aux associations négatives que peut faire le chien.
D'ailleurs, quand on travaille des peurs, on ne récompense pas des comportements (par exemple "assis"); on créer plutôt de nouvelles associations. C'est ce qu'on appelle le contre-conditionnement.
" Gens et chiens (au loin) = bouffe (délicieuse)!! "
Nous travaillons à créer de nouvelles réponses émotionnelles, positives cette fois.
Si votre chiot ou votre chien démontre de l'inquiétude, reculez, rappelez-le sur un ton joyeux, marquez de la voix ("yes", "oui!") le comportement de venir à vous, puis, donnez de la nourriture qu'il adore (de haute valeur). Utilisez celle qui a le plus de valeur pour votre animal; pas des croquettes sèches par exemple.
Aller plus loin!
Prenez rendez-vous avec nous dès maintenant pour y parvenir efficacement!
Apprenez les exercices précis et les protocoles complets pour remédier aux peurs et à la réactivité dans notre livre numérique sur les jappements excessifs, disponible en vente sur notre site Web. Dans le livre numérique ''Comprendre mon chien, son langage, ses émotions et ses comportements'', vous trouverez une section complète sur les peurs!
Trouvez aussi une multitudes de cours et de formations en ligne sur notre site Web. Le plus indiqué pour travailler les peurs est la réactivité est celui sur la modification de comportement et l'apprentissage chez le chien. Vous le trouverez ici.
Courriel: keta.bl@hotmail.com
Rénata Unçao, intervenante en comportement canin et en éducation canine
Les p’tites pattes du fun - Rénata Unçao, éducatrice canine
Membre du Regroupement Québécois des Intervenants en Éducation Canine (RQIEC)
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