Beaucoup du mythes et de fausse croyances circulent au sujet de l’éducation canine. Connaissez-vous les plus courants? Savez-vous démêler le vrai du faux? En voici 4! Bonne lecture!
1- ''Le chien doit savoir que c'est "mal". C'est comme avec les enfants, il faut parfois réprimander.''
Il est commun de penser que, dans le cadre de l'éducation, nous devons montrer notre mécontentement à notre chien et le punir lorsqu'il agit "mal". Mais, en réalité, et contrairement aux enfants, les chiens n'ont pas la notion de bien et de mal, et ce que nous considérons comme "mal" est normalement très normal et naturel pour le chien (japper, sauter, creuser, etc.)! Il est une espèce différente de la nôtre avec son propre fonctionnement et son propre mode de communication. Le chien n'est ni "méchant" ni "mauvais" ni "têtu". Il ne cherche pas à vous défier, à se venger ou à se moquer de vous. Ne le prenez jamais personnel. Il agit tout simplement... comme un chien, en répondant à ses propres besoins, en suivant ses instincts et selon ses motivations. Il produit des comportements qui lui rapportent quelque chose d'agréable ou qui sont l'expression d'une émotion.
"Et s'il grogne, ce n'est pas "mal" non plus?!"
Grogner exprime un inconfort. C'est de la communication. Punir le chien qui grogne, non seulement le poussera à cesser d'avertir et à passer directement à la morsure, mais ne traite pas du tout la cause du problème. On ne travaille donc pas à la source, ce qui est inefficace. La punition n'enseigne rien. Elle peut parfois interrompre le comportement sur le coup, mais puisque ce qui poussait l'animal a agir ainsi n'a pas été pris en compte, rien n'est pas réglé en réalité. Punir est une option qui semble facile et rapide à première vue, mais ce n'est vraiment pas la bonne voie.
Saviez-vous que le grognement ne doit jamais être puni? Non seulement il s'agit d'un avertissement que donne le chien pour ne pas avoir à se rendre à la morsure, mais il est aussi et surtout l'expression d'un inconfort. Il importe de toujours s'attarder à sa cause. Pourquoi grogne-t-il? Il a peur? Il protège une ressource qu'il craint de se faire prendre? Il a mal? Il est stressé? Réprimander le chien qui communique en grognant augmente non seulement son niveau de stress dans une situation qui est déjà anxiogène, mais ne traite pas plus le problème à la source. Chicaner le chien qui a peur ou qui est mal à l'aise de lui apprend pas à se sentir mieux, ni ce qu'il peut faire dans cette situation. Cela risque aussi de le pousser directement à la morsure les prochaines fois puisque ses signaux ne sont ni respectés ni compris. Bien comprendre le langage, les émotions et les comportements de son chien est essentiel pour prévenir et régler les problèmes ainsi que pour une bonne relation avec lui.
2- ''Je le puni et il continue; il est vraiment têtu!''
Ceci continue sur la même lignée que le premier élément abordé plus haut. Votre chien n'est pas têtu. Si vous le punissez pour un comportement, et qu'il continue de le faire, c'est tout simplement parce que vous ne vous êtes pas attardé à le comprendre, à en trouver la cause. C'est aussi parce que vous ne lui avez rien appris/rien demandé de précis. Par exemple, il trouve quelque chose, vous criez "non" et vous perdez patience parce qu'il ne vous le rend pas. Ou encore, il est sur le sofa et vous ne voulez pas qu'il y soit. Vous le punissez, mais il y reste. Vous vous irritez et pensez qu'il fait exprès, qu'il est têtu ou dominant. En réalité, il ne sait pas que c'est un "interdit"! Il voit bien que vous êtes fâchés cependant. Il peut certes en redescendre si vous le forcez et lui faites peur, ce qui laisse croire que le punir a fonctionné et qu'il fallait justement lui montrer que c'est nous qui décidons! En réalité, il a seulement eu peur... Et tout ce même manège reprend le lendemain (ou le jour même!)... Et là, c'est effectivement très frustrant! De plus, la contrainte physique (par exemple pousser sur le dos du chien pour le faire asseoir, ou encore, tirer sur sa laisse pour qu'il avance) vous laisse croire qu'il est têtu une fois de plus, alors qu'il tente tout simplement de se soustraire d'un inconfort.
C'est en apprenant les comportements désirés au chien, et en les renforçant pour qu’ils se reproduisent et s’ancrent, que ce sera vraiment plus efficace et durable. Ce sera plus clair pour lui, plus agréable pour vous deux, et bien moins frustrant de votre coté.
3- "L'outil aversif fonctionne, mais ne lui fait ni mal ni peur. C'est une bonne technique!"
Si l'outil punitif fonctionne, par définition... c'est justement parce que la conséquence (jet d'eau, jet de citronnelle, choc, étrangement, réprimande verbale, etc.) lui a fait assez mal ou peur! Sinon, ça ne fonctionne tout simplement pas! Une punition est ce qui permet qu'un comportement soit interrompu et qu'il diminue en fréquence, en intensité et en durée. Elle peut être positive ou négative.
La punition positive (P+), dans le jargon, signifie que quelque chose est ajouté (coup se laisse, cri, pousser, jet d'eau, choc, "non" ferme, etc.) après le comportement. Avec la punition négative (P-), quelque chose est retiré suite au comportement (retirer la vue de la gâterie en cachant notre main derrière le dos, cacher le jouet quand le chien saute, retirer notre attention en ignorant le chien qui jappe pour qu’on s’occupe de lui, etc.).
La première (la P+) est à éviter. Elle engendre beaucoup de stress et peut amplifier les problèmes tout en nuisant à votre relation. La seconde (P-), de son côté, permet d'arriver à vos résultats, mais sans compromettre le bien-être de votre animal, et sans nuire à votre relation avec lui. Par exemple, arrêtez de donner de l'attention à votre chien s'il saute sur vous ou qu'il jappe; retirez de sa vue le jouet s’il devient surexcité et qu'il vous mordille les mains ou les pantalons; etc. Ensuite, vient le renforcement, une fois qu'il vous a donné un autre comportement, que vous jugez acceptable cette fois-ci. Par exemple, lorsqu'il se tait, vous lui donnez de l'attention. Lorsqu'il se calme et s'assoit, vous lui donnez enfin le jouet. Vous utilisez alors le renforcement positif (R+) à cet instant, pour que ces comportements que vous aimez augmentent et remplacent les autres indésirables. Ce sont là des concepts très importants pour bien entraîner votre chien. C'est la base des principes de l'apprentissage chez tout animal.
4- " Mélanger les corrections et les félicitations permet un équilibre"
Ce qu'on appelle le "balanced training" consiste à récompenser les comportements voulus, mais à punir les "mauvais".
Comme vous l'avez lu et appris précédemment, il n'y a pas de "mauvais" comportements et vous n'avez pas à réprimander votre chien pour changer des habitudes ou lui apprendre quoi que ce soit, bien au contraire.
En jumelant les 2, beaucoup de confusion est créée chez l'animal qui ne sait jamais quand vous vous fâcherez contre lui. Cette imprévisibilité engendre beaucoup de stress. Le chien est content et l'interaction avec vous se déroule bien, puis, tout à coup, il est puni. Il ne comprend simplement plus ce qui se passe et devient nerveux.
Un chien nerveux peut être agité, avoir des comportements impulsifs comme sauter, japper, ne pas tenir en place (qui sont l'expression du stress), ou encore, ne prendre aucune initiative et se refermer sur lui-même.
Un chien qui craint de participer pendant une séance d'entraînement ou qui semble ignorer vos demandes (détourner la tête, bailler, ne pas vous regarder, etc.) fait pacifiquement ce qu'on appelle de l'évitement (il veut éviter tout potentiel conflit avec vous ou conséquence désagréable). Il sera alors difficile d'avoir un chien qui participe activement et qui collabore si c'est le climat/la relation qui a été instauré.
De l'autre côté, le chien qui n'a pas peur de se tromper et d'interagir avec vous vous en donnera toujours plus! Vous progresserez beaucoup plus vite et il sera confiant et à l'aise. De votre côté, vous atteindrez vos résultats et ils seront durables.
Rénata Unçao, intervenante en comportement canin et en éducation canine
Les p’tites pattes du fun!
Membre du RQIEC et certifiée CFCC
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